un court récit de mes six mois loin du bureau

Publié le par elizabeth971

Au moins, pour les vœux de la bonne année, je rends visite à mon blog et à mes lecteurs un peu abandonnés.

2015, pour moi, était l'année que je consacrais à ma famille plutôt qu'à mon travail.

Je suis restée en France tout le printemps et tout l'été ou presque. En Charente, dans la maison de mon grand-père (maison que j'ai achetée), il y a mon fils qui s'est installé provisoirement. Les chèvres sont dans la cabane. Et il y a des jardins avec un coteau qui descend jusqu'à la rivière. J'ai fait des expériences de jardinage en utilisant le fumier des chèvres et en paillant. ça a drôlement bien marché. On mangeait du fromage de chèvre et des légumes de mon jardin quand y en a eu. Pour la cuisson, quand c'était possible, on utilisait le four cambodgien, un petit four qu'on met dehors et qui permet de cuire les aliments avec du petit bois, par exemple, avec le bois qui a servi à la taille des arbres. Les chèvres mangent les feuilles des arbres et le bois des branches sert à cuire les repas. Et le fumier des chèvres permet de faire pousser les légumes. Le cycle est complet et quand on voit que tout ça fonctionne parfaitement, on éprouve un sentiment de grande satisfaction.

Tout n'a pas toujours parfaitement fonctionné mais, des fois, oui, ça fonctionnait merveilleusement.

Je n'étais pas toujours dans cette maison. j'ai passé beaucoup de temps chez maman en Gironde, à préparer sa maison, c'est-à-dire, à y faire du ménage et à voir ce qu'on pourrait jeter pour faire de la place pour le jour par exemple où une dame devra venir s'occuper d'elle.

Maman est une vieille dame usée. Elle ne sait plus rien faire. Elle ne sait plus cuisiner, ni dessiner. Elle regarde vaguement la télé sans essayer de comprendre les émissions. De toute façon elle ne regarde plus que les émissions de jeux et elle n'arrive pas à jouer aux jeux qu'elle regarde. Souvent, je m'asseyais à côté d'elle et j'essayais de répondre aux questions ou de calculer les chiffres qui permettent de trouver un résultat en multipliant et additionnant six chiffres. Mais maman s'en fout. Elle veut regarder les émissions de jeux mais elle ne participe pas. Elle se lève et va regarder dans son frigidaire ce qu'elle pourra manger le soir. Et elle revient regarder le jeu sans le regarder. En réalité, elle n'a pas besoin de se poser des questions sur ses repas puisqu'elle ne sait plus rien faire en cuisine à part faire bouillir des pommes de terre qu'elle laisse cramer une fois sur deux. Et avec ses pommes de terre (qu'elle recouvre de mayonnaise industrielle) elle mange une tranche de jambon. c'est ce qu'elle fait tous les jours (sauf quand je suis là et que je lui fais la cuisine). Quand elle a des légumes dans son jardin, elle les rajoute à sa salade. Mais elle n'a plus vraiment de légumes dans son jardin parce qu'elle n'arrive plus à cultiver. Ses tomates avaientdu mildiou ou alors elles étaient cramées par le soleil ; ses salades sont montées trop vite ; elle a déterré ses pommes de terre trop tôt,... Et les légumes de mon jardin se trouvaient à deux cent kilomètres, en Charente. Je faisais la navette une semaine après l'autre.

Quand j'arrivais chez mon fils, il y avait toujours une grande quantité de vaisselle en souffrance car le fromage de chèvre nécessite de nettoyer des faisselles et des bouteilles de lait et des bassines tous les jours. et lui, il n'a pas toujours le temps de tout faire. Alors je faisais sa vaisselle pour l'aider.

Pour l'instant, il est à un stade expérimental de son entreprise tant pour l'élevage que pour la fabrication de fromage de chèvre. Et il ne gagne pas d'argent. Je l'aide sur le plan financier mais quand je suis en congé sans solde, j'ai plutôt du mal à trouver de l'argent pour l'aider. En même temps, quand on se nourrit de fromage de chèvre et de légumes du jardin, on fait quelques économies.

Nous ne sommes quand même pas très sûrs que cette affaire-là va fonctionner.

A priori, l'affaire n'est pas rentable. Les chèvres, on ne peut pas les laisser seules. Les clôtures électriques, ça fonctionne mais il faudrait en construire des solides et des hautes et pour l'instant, on n'a pas pu faire ça. ça prend du temps. Et puis il y a le fumier qui s'entasse dans la cabane et qu'il faut évacuer. Il a construit des genres de coffres à compost en palettes de récupération pour y mettre le fumier (fumier que je récupère pour le jardin). Et puis il faut traire les chèvres. Et il faut faire le fromage avec le lait qu'on verse dans des bassines et qu'on forme ensuite dans des faisselles.

Pour faire du bon fromage qui se conserve, il faudrait avoir des équipements, de la place. Nous n'avons pas de place.

Il faudrait que nous trouvions du terrain et une petite maison supplémentaire à proximité. Cette petite maison servirait à créer une fromagerie. On n'a pas ça pour l'instant.

Son but n'est pas de gagner de l'argent. Mais quand même...C'est bien joli de dire qu'on ne s'intéresse pas à l'argent mais dans un monde d'argent, on est bien obligé d'en avoir pour payer les factures d'énergie, les impôts, l'essence des voitures, les assurances.

La vie que j'ai menée pendant six mois était l'inverse de celle que je vis habituellement. Dans ma vie habituelle, je gagne de l'argent en allant au bureau et aller au bureau n'a pas d'autre raison d'être que gagner de l'argent. Alors qu'avec les chèvres, on ne gagne pas du tout d'argent mais en même temps, on n'a vraiment pas envie de lâcher cette expérience de vie réelle. C'est un peu comme kho lanta sans être filmé et sans récompense en argent.

Je suis revenue à mon travail en septembre. J'ai repris mes dossiers. Il faut obéir à une hiérarchie, répondre à des courriers, aider des gens à faire des recherches.

Je me languis des chèvres.

Bonne année, chers lecteurs...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article