Privation de lecture
Ce week-end, je n'ai pas quitté les limites de Vieux-Fort. Je suis restée à la maison pratiquement tout le temps. Mon fils étant parti (avec la voiture), j'ai fait un peu de rangement. J'ai cherché la clé de la maison qu'il avait égarée. J'ai fini par la trouver dans la boîte où nous rangeons les clés des voitures en panne que nous essayons de vendre (j'ai en projet d'acheter aujourd'hui une voiture d'occasion qui elle, a l'inestimable avantage de démarrer). J'ai continué de peindre mon tableau de cocotiers et aussi celui qui représente la maison d'en face avec des bananiers (il y a un tableau que je peins le matin et un autre l'après-midi : il faut que je respecte certaines heures à cause des ombres qui bougent). J'ai également continué de lire les deux livres que j'ai en cours : "The Artist's way" et "Noa Noa". J'ai fini "Noa Noa" en sautant un tout petit peu sur une ou deux pages concernant la généalogie des dieux polynésiens.
"The Artis's way" étant un manuel avec des cours et des tâches à effectuer, j'en lis un chapitre par week-end, chaque chapitre se terminant par les tâches à accomplir. Ces tâches sont à la fois très simples et très difficiles. L'objectif général du livre, je le rappelle, est de débloquer l'artiste qui est en chacun de nous. Une autre façon de voir les choses est de dire que nous essayons d'ouvrir notre cerveau droit : c'est (si j'ai bien compris) la même chose, la même démarche. Pas à pas, nous nous ouvrons à un monde différent de celui que nous connaissons dans la vie quotidienne. Je n'arrive pas à exécuter toutes les tâches demandées mais j'essaie. Celle que j'arrive à faire et qu'il faut faire tous les matins sans exception depuis le début du cours, consiste à écrire trois pages de ce qui nous vient en tête le matin au moment où nous nous levons. L'auteure appelle ça les "morning pages".
Cette semaine (semaine 4) j'ai, comme épreuve principale, quelque chose d'étonnant et très difficile à faire : je ne dois pas lire. Pas lire de romans, pas lire de journaux, pas lire de blogs,....Et il ne faut surtout pas remplacer cette privation de "mots des autres écrits" par des "mots des autres oraux" : pas de télévision, pas de radio, pas de bavardages inutiles. Il faut remplacer la lecture par autre chose : je peux écrire puisqu'il s'agit de mes mots à moi. Je peux dessiner, peindre, danser, chanter, écouter de la musique, me promener, aller à la mer, faire du rangement, arroser mes tomates, faire la cuisine....Il y a énormément de choses à faire que je n'ai jamais le temps de faire. J'ai le droit de profiter de ma semaine de privation de lecture pour faire toutes ces choses. Quel est l'objectif de cette privation de lecture ? Je vais essayer de le comprendre et de l'expliquer. Il s'agit, pour résumer de la façon la plus simple possible, de donner une chance à notre "moi" intérieur de se faire entendre. Il s'agit de se vider de choses inutiles pour laisser la place à des choses nouvelles. Il s'agit aussi d'arrêter de se donner des excuses qui nous empêchent de travailler notre art. Il s'agit également de bien d'autres choses mais je crois qu'il faudra que je sois plus avancée dans mon "ouverture de conscience" pour bien comprendre tout cela.
Ce week-end, une fois que j'ai lu dans "The Artist's way" que la tâche principale de la semaine à venir était de ne pas lire, je me suis dépêchée de finir "Noa Noa" pour ne pas avoir la tentation d'un livre en cours. La privation de télé sera assez difficile aussi (elle accompagne obligatoirement la privation de lecture) car, je dois avouer que la télé fait partie de mes habitudes (dans la semaine 3, il fallait faire une liste de ses habitudes. Je n'avais pas marqué la télé mais, maintenant qu'il va falloir que je m'en prive, je m'aperçois que la télé, tout comme la lecture est une de mes habitudes).
Cet exercice de privation de lecture montre que le travail que nous nous engageons à faire quand nous commençons à lire "The Artist's way" est une volonté de transformation profonde.
Je vais citer de mémoire une phrase de l'auteure (Julia Cameron) : lire ce livre sans pratiquer les tâches, c'est comme lire un livre sur le jogging sans jamais chausser ses "Nike".