Auprès de mon arbre
Vos commentaires, chers lecteurs, sont tout à fait intéressants. Il me paraît difficile d'y répondre directement et je songe à faire un article sur la très difficile question, hautement philosophique du don, de la générosité, de la solidarité, une notion devenue très complexe avec l'intervention des médias qui traitent l'appel à la générosité comme une publicité pour un produit (puisque c'est ça qu'ils savent faire) mais j'aborderai ce sujet plus tard. C'est un sujet très lourd et plein d'implications religieuses, historiques, sociologiques, vraiment très complexes.
Et puis, aujourd'hui, j'ai envie de parler de mon arbre à pain parce que quelque chose lui est arrivé hier. L'histoire que je vais raconter commence très mal mais elle se termine plutôt bien.
Hier, je m'apprêtais à continuer mon dessin de l'arbre à pain qui est dans le jardin, juste devant la porte d'entrée, à quelques mètres quand j'ai entendu un bruit de tronçonneuse.
C'était mon arbre à pain bien aimé que l'on tronçonnait.
Un iguane étonné, a dévalé le tronc qui restait. Il s'est posé, un moment, sur un rocher, tout éberlué, puis, il s'est enfui vers le vieux manguier accroché à un morceau de la route et encore là, pas tronçonné pour cette fois.
L'arbre à pain a été planté il y a environ quarante ans par le père (ou le grand-père ?) de la propriétaire actuelle. L'homme qui a planté l'arbre à pain, est une légende de la commune. C'était un pêcheur, un homme de très grande taille (deux mètres environ) qui, pendant la deuxième guerre mondiale, utilisait son canot de pêcheur pour faire du marché noir avec la Dominique. Ils étaient nombreux à faire ça mais lui, il était un peu plus héroïque que les autres. Il a été blessé par balle, une fois, et est parvenu à revenir au village, malgré tout, avec ses belles marchandises pour les habitants.
C'était un homme qui aimait beaucoup la nature et les arbres. Il avait donc planté, au milieu d'un jardin, près duquel coulait une rivière, l'arbre à pain qui, jusqu'à hier, était le plus beau de la région.
En toute saison, l'arbre produit des fruits que de nombreux habitants de la ville viennent cueillir, les uns après les autres.
Il portait encore beaucoup de fruits, hier, quand on l'a coupé. Ceux qui étaient mûrs ont été récupérés, les autres ont roulé au fond de la ravine (où l'on a d'ailleurs rassemblé les branches et troncs coupés) et les cabris venus là comme tous les soirs, se sont régalés.
Depuis l'époque où l'arbre a été planté, des maisons (dont celle de la voisine et la nôtre) ont été construites autour du jardin qui, petit à petit, est devenu plus petit. Mais grâce à la ravine qui parfois déborde et se transforme en torrent, on n'a pas encore déraciné l'arbre à pain pour construire une maison à sa place.
J'ai cru que c'était ce qu'on faisait, hier, quand j'ai vu qu'on coupait l'arbre. J'ai cru que la propriétaire voulait le raser pour construire une maison sur son emplacement. J'ai cru que, contre toute morale, elle avait obtenu une autorisation.
Mais non. Il a encore un sursis, mon arbre bien aimé. Avec un peu de chance, elle n'obtiendra pas l'autorisation de construire de sitôt, la propriétaire de l'arbre.
On ne coupait pas l'arbre, on l'élagait.
J'ai exprimé ma peur, ma tristesse, ma frustration (car je ne peux plus le peindre, mon arbre mutilé) mais au bout du compte, je suis rassurée car, quelles que soient les motivations qu'a eues la dame pour élaguer l'arbre à pain, elle ne l'a pas tué. Il est encore là.
Témoin de l'impermanence des choses, de la vie, de tout ce qui existe dans le monde.
Je dois m'y faire, je dois accepter de me détacher.
C'est un principe du boudhisme, le détachement de tout parce que tout est impermanent.
L'attachement nous fait souffrir.
J'étais attachée à mon arbre.
C'est pour ça que j'ai eu si peur quand j'ai cru qu'il allait disparaître pour toujours.
Et puis, aujourd'hui, j'ai envie de parler de mon arbre à pain parce que quelque chose lui est arrivé hier. L'histoire que je vais raconter commence très mal mais elle se termine plutôt bien.
Hier, je m'apprêtais à continuer mon dessin de l'arbre à pain qui est dans le jardin, juste devant la porte d'entrée, à quelques mètres quand j'ai entendu un bruit de tronçonneuse.
C'était mon arbre à pain bien aimé que l'on tronçonnait.
Un iguane étonné, a dévalé le tronc qui restait. Il s'est posé, un moment, sur un rocher, tout éberlué, puis, il s'est enfui vers le vieux manguier accroché à un morceau de la route et encore là, pas tronçonné pour cette fois.
L'arbre à pain a été planté il y a environ quarante ans par le père (ou le grand-père ?) de la propriétaire actuelle. L'homme qui a planté l'arbre à pain, est une légende de la commune. C'était un pêcheur, un homme de très grande taille (deux mètres environ) qui, pendant la deuxième guerre mondiale, utilisait son canot de pêcheur pour faire du marché noir avec la Dominique. Ils étaient nombreux à faire ça mais lui, il était un peu plus héroïque que les autres. Il a été blessé par balle, une fois, et est parvenu à revenir au village, malgré tout, avec ses belles marchandises pour les habitants.
C'était un homme qui aimait beaucoup la nature et les arbres. Il avait donc planté, au milieu d'un jardin, près duquel coulait une rivière, l'arbre à pain qui, jusqu'à hier, était le plus beau de la région.
En toute saison, l'arbre produit des fruits que de nombreux habitants de la ville viennent cueillir, les uns après les autres.
Il portait encore beaucoup de fruits, hier, quand on l'a coupé. Ceux qui étaient mûrs ont été récupérés, les autres ont roulé au fond de la ravine (où l'on a d'ailleurs rassemblé les branches et troncs coupés) et les cabris venus là comme tous les soirs, se sont régalés.
Depuis l'époque où l'arbre a été planté, des maisons (dont celle de la voisine et la nôtre) ont été construites autour du jardin qui, petit à petit, est devenu plus petit. Mais grâce à la ravine qui parfois déborde et se transforme en torrent, on n'a pas encore déraciné l'arbre à pain pour construire une maison à sa place.
J'ai cru que c'était ce qu'on faisait, hier, quand j'ai vu qu'on coupait l'arbre. J'ai cru que la propriétaire voulait le raser pour construire une maison sur son emplacement. J'ai cru que, contre toute morale, elle avait obtenu une autorisation.
Mais non. Il a encore un sursis, mon arbre bien aimé. Avec un peu de chance, elle n'obtiendra pas l'autorisation de construire de sitôt, la propriétaire de l'arbre.
On ne coupait pas l'arbre, on l'élagait.
J'ai exprimé ma peur, ma tristesse, ma frustration (car je ne peux plus le peindre, mon arbre mutilé) mais au bout du compte, je suis rassurée car, quelles que soient les motivations qu'a eues la dame pour élaguer l'arbre à pain, elle ne l'a pas tué. Il est encore là.
Témoin de l'impermanence des choses, de la vie, de tout ce qui existe dans le monde.
Je dois m'y faire, je dois accepter de me détacher.
C'est un principe du boudhisme, le détachement de tout parce que tout est impermanent.
L'attachement nous fait souffrir.
J'étais attachée à mon arbre.
C'est pour ça que j'ai eu si peur quand j'ai cru qu'il allait disparaître pour toujours.