compétences

Publié le par elizabeth971

Mon expérience de chercheuse d'emploi à la FNAC.

 

 

C’était peut-être vers 1985.

Sinon, vers 1995.

Mais je pense plutôt que ça s'est passé vers 1985 peu après l'obtention de mon diplôme de bibliothécaire.

Bibliothécaire, c'est un métier du secteur public (emploi municipal la plupart du temps), dont l'objectif est le prêt de livres - pour que des gens puissent lire sans être obligés d'acheter.

Le bibliothécaire est chargé d'acheter des livres -au nom de la municipalité-, de les classer, de les prêter. On peut aussi faire des animations autour du livre, histoire de donner envie aux gens de venir à la bibliothèque.

Le métier de libraire est très proche de celui de bibliothécaire. Mais le libraire doit vendre des livres  pour survivre. Il prend des risques. Il se pourrait que le libraire n'aime pas le bibliothécaire parce qu'il peut y avoir une rivalité. Il peut aussi y avoir une émulation autour de la lecture quand libraires et bibliothécaires travaillent ensemble, dans une commune, font des animations en commun. Il n'en reste pas moins qu'un livre à succès qui sera lu par vingt personnes en un an et n'aura coûté que 20 euros à la commune  pourra être considéré comme un manque à gagner de 2000 euros potentiels (en chiffre d'affaire), par le libraire.

Cette aigreur de la librairie -librairie conçue comme un supermarché devant faire du chiffre - envers le noble et ancien métier de bibliothécaire, je l'ai ressentie lorsque j'ai postulé à un emploi à la FNAC. J'ai toujours été plus désireuse d'être libraire que bibliothécaire. Mais pour être libraire il faut, soit avoir des fonds propres et créer sa librairie, soit être employé par une librairie.

 

J'avais été sélectionnée pour passer l'entretien. Quand je suis arrivée, il y avait beaucoup de monde, beaucoup de candidats. On nous a fait entrer dans une salle et on nous a distribué des questionnaires à remplir. Ces questionnaires n'avaient rien à voir avec nos compétences en lecture ou en orthographe. Non. C'était des tests psychologiques auxquels il fallait répondre sans prendre le temps de réfléchir. La seule question dont je me souviens concernait la peur des araignées. « Avez-vous peur des araignées ? » En fait, je n'ai pas réellement peur des araignées, ça dépend de leur grosseur. J'ai beaucoup plus de peur ou plutôt de dégoût des cafards. Mais que voulez-vous ? Il fallait répondre « oui » ou « non ». J’ai répondu « oui ».

 

Après cet exercice, on devait attendre notre tour pour passer l'entretien avec la recruteuse. C'était une jeune femme qui n'y est pas allée par quatre chemins.

 « Je me demande pourquoi on vous a écrit : vous avez fait une formation de bibliothécaire et nous, les bibliothécaires, on ne les emploie pas. On a déjà essayé et ça n'a pas été concluant. »

« Oui mais l'important dans la vente des livres c'est d'aimer et de connaître les livres et les bibliothécaires, ils connaissent bien les livres. »

« Ça ne nous intéresse pas, votre intérêt pour les livres. Ce qui nous intéresse, c'est d'avoir des vendeurs. Il y a, ici, une jeune femme qui a été serveuse, elle nous intéresse plus que vous. »

 

J'ai pensé alors à rassembler mes expériences dans la vente : j'avais essayé de vendre mes poteries aux clients de ma mère quand elle vendait ses dindons. Pas très concluant. J'avais été serveuse chez mon chéri pendant six mois (jusqu'à notre rupture). J'avais vendu des tickets de tombola dans mon enfance (mais l'expérience était si désagréable que plus tard, beaucoup plus tard, quand j'ai eu des enfants, j'ai systématiquement acheté tous leurs tickets).

J'ai renoncé à faire état de toutes ces belles expériences et je suis partie la tête basse.

 

J'aurais été une bonne vendeuse en librairie, pourtant. J'aurais peut-être été meilleure qu'en bibliothèque où, finalement, les gens se servent, se mettent sur la liste pour pouvoir lire le dernier best seller le plus rapidement possible et sont assez peu demandeurs de conseils.

Le métier de bibliothécaire est assez administratif. Et puis il est de plus en plus ouvert aux nouvelles technologies. Être bibliothécaire ce n'est plus vraiment un métier d'amateurs de livres et il me semble que le libraire, lui, reste un véritable amateur de livres. Tiens, si vous passez à Perpignan, chers lecteurs, non loin du nouveau théâtre l'Art-chipel, il y a une merveilleuse petite librairie d'occasion qui s'appelle Alter Ego. Passez-y. C'est une vraie librairie avec un vrai libraire.

Autre chose que l'ambiance FNAC, ce pays où les vendeurs de livres sont des vendeurs mais pas des amateurs de livres.

 

 

PS : Cher Dexter, j’ai écrit cet article en pensant à ton ami qui n’a pas été retenu pour un poste de visiteur médical alors qu’il en avait beaucoup plus les compétences que la personne retenue pour le poste. Eh, bien, tu peux toujours lui proposer d’inventer un travail de « prêteur de médicaments », une sorte d’équivalent du métier de bibliothécaire dans votre branche. Non ? Ce n’est pas possible ?

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D
<br /> <br /> Je vais ma lectrice,je vais. Je me sens un peu noir de l'intérieur. Noir au sens de sombre. Depuis un moment j'ai un truc qui me plombe. Les causes en sont multiples,variées et diverses...mais<br /> tout va dans le sens du noir. Il y a des périodes comme ça. J'espère que ça va passer.<br /> <br /> <br /> La bise.<br /> <br /> <br /> Et encore merci pour tes passages chez moi. Je n'écris quasiment plus que pour toi....même si sur mon dernier texte j'ai eu pas mal de connentaires différents dont deux qui m'ont émus jusqu'à<br /> m'en tirer des larmes. Celui de mon frère et celui de Martine.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> d'accord pour ce que tu dis concernant les messages de ton frère et de Martine. et merci pour le reste.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> En fait j'ai mal du m'expliquer car Mon Remarquable Ami,c'est de lui dont je parlais,est déjà visiteur médical,mais sur un autre secteur que le mien. Il fait exactement la même chose que<br /> moi,présente les mêmes produits mais sur son secteur. En fait,nous sommes ce que nous appelons des visiteurs de ville car nous visitons surtout les médecins généralistes,plus quelques<br /> spécialistes comme les cardios. Il existe aussi des visiteurs nommés hospitaliers,qui ne travaillent qu'auprès des spécialistes dans les hôpitaux.Passer de la ville à l'hôpital est considéré<br /> comme une promotion. Après tu as directeur régional comme évolution possible. Moi je n'ai jamais voulu progresser mais Mon Remarquable Ami a eu envie d'essayer un poste d'hospitalier. Et il en a<br /> largement les compétences,très,très largement. J'ai rarement rencontré quelqu'un d'aussi intelligent. Je le dis là car si je le disais sur mon blogue cela le gênerait tellement il est<br /> modeste...D'intelligent et de cultivé. Et il n'a pas été pris. Je trouve que c'est une déperdition insensée. Et pour répondre à ta question,non nous ne pouvons pas prêter de médicaments.....déjà<br /> que nous n'en vendons pas. Car en fait,je ne vends rien. Je brasse du vent,je suis suffisamment cultivé et verbal,comme dirait ma psy,pour donner le change. Et puis après j'espère que les mecs<br /> prescrivent. C'est tout. Voilà la réalité de mon métier. Je ne fais rien,je suis un peu comme Don Quichotte avec les moulins à vent. Mais ce métier est difficile à expliquer. Il faut le vivre<br /> pour comprendre. J'ai toujours eu du mal à le faire comprendre. de toute façon en général les gens nous considèrent comme des "touristes" en puissance. Au début je me débattais contre ces idées.<br /> Maintenant je ne peux que constater que c'est vrai. Là je suis devenu tellement touriste que j'en ai parfois honte. Cela en devient presque sublime du tourisme à ce point. Mais tant qu'on me<br /> paiera grassement à faire...ça.....je continuerai. J'ai dépassé le stade de la réaction. J'en suis rendu au stade du parasite...ou quasiment. Je ne dois pas être bien clair sur ce sujet. Il<br /> faudrait que je développe cela un peu plus pour bien me faire comprendre.<br /> <br /> <br /> Voilà.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> je crois que je comprends. on ne fait plus de contrat parce qu'il ne faut pas que les médecins aient l'impression de se faire piéger. il faut donc des gens très diplomates pour les convaincre. ça<br /> ressemble peut-être à la diplomatie qu'il faut pour la vente d'armes d'un pays à l'autre ou de l'échange d'otages...<br /> <br /> <br /> <br />