créativité en Guadeloupe

Il y a quelques mois, j’ai participé à un concours organisé par le Conseil général, un concours d’auteurs de livres pour enfants. Ce n’était pas un concours pour professionnels : n’importe qui, comme moi par exemple, pouvait présenter un manuscrit.

J’ai inventé un petit texte en choisissant comme héros de mon histoire, un poussin de mon jardin. En vrai, le poussin s’est fait bouffer par un chien errant. Dans mon histoire, il a réussi à échapper au chien et à rejoindre le coq et les poules de sa tribu.

J’ai envoyé mon petit travail au mois de mars et j’ai décidé de ne plus y penser. Au bout de quelque temps, en voyant dans mes archives personnelles ce que j’avais fait, j’ai compris que je n’avais aucune chance et j’ai oublié de nouveau.

 Et puis, il y a une semaine, j’ai reçu une lettre m’informant de la date de la remise des prix : vendredi 9 octobre.

Il y avait une petite cérémonie à la bibliothèque de Basse-Terre et tous les manuscrits (39 en tout) étaient présentés pour que nous puissions voir ce qui avait été fait. Aucun doute, mon manuscrit n’était pas bon, du moins mes dessins (dont certains ont un aspect pas fini) et ma présentation générale.

Lorsque le président du jury est arrivé, avec une heure de retard, nous avons eu droit à quelques discours puis le palmarès a été annoncé.

Il était déjà tard, plus de vingt heures, et j’avais envie de rentrer chez moi mais je suis restée pour écouter le palmarès.

On nous a dit que sur les 39 manuscrits présentés, seulement douze avaient été retenus (on ne nous a pas dit lesquels) ; les autres n’obéissaient pas parfaitement aux critères demandés (textes courts adaptés à des enfants de moins de six ans, adéquation du texte et de l’image, etc.)

Parmi ces douze textes, trois avaient été retenus par le jury. Un seul devait gagner le prix mais finalement, ces trois textes ont gagné : ils  seront publiés aux frais du Conseil général.

Le texte qui a été jugé comme le meilleur était une petite comptine racontant le voyage d’une anolie (petit lézard antillais) ; les illustrations ont été faites par une plasticienne professionnelle qui n’avait encore jamais travaillé pour l’édition de livres pour enfants. Elle a fait un travail absolument remarquable. Le livre est magnifique.

Les deux autres manuscrits étaient ex aequo. Il y avait une jolie histoire de crapaud et une histoire de beignets du carnaval et ce dernier album est mon préféré. Le sujet est centré autour d’un panier qui contient cinq beignets. Auprès du panier, passent différents membres de la famille et le nombre de beignets décroît dans le panier au fur et à mesure de l’arrivée des personnes dans la maison. Et pendant ce temps on voit passer dans la rue, le défilé du carnaval.
L’histoire est très bonne et l’illustration est parfaitement exécutée.
Les auteurs de ce livre sont de jeunes instituteurs qui ont expliqué qu’il n’y a jamais assez de beaux livres pour les jeunes enfants. Cette phrase était pour moi la clé de la soirée et la clé de la créativité, de toute créativité : il n’y a jamais trop de beaux livres, de bons livres, et il y a une place pour chaque artiste en puissance. Ce qu’il faut, c’est travailler son art et parvenir, à force de travail, à être bon. C’est tout.

 Dans le cadre d’un concours, ce sont les meilleurs qui gagnent mais le fait qu’un concours ait été lancé a permis à 39 personnes d’exprimer quelque chose, plus ou moins bien, et à trois nouveaux livres de très bonne qualité de voir le jour.

Et, le concours devant être reconduit chaque année, la production de livres pour enfants, en Guadeloupe, est appelée à un bel avenir.