dessiner pour guérir

Hier, je me suis assise sur les marches de la maison et j’ai peint les arbres du jardin. Ça faisait très longtemps que je ne m’étais pas assise à cet endroit pour dessiner et peindre sereinement. Ça datait du mois de mars, je crois ou même d’avant. Du mois de janvier peut-être. Oh, il m’est arrivé depuis le mois de janvier de m’asseoir et de dessiner un peu les arbres du jardin mais avec une tristesse infinie, le cœur brisé de voir chaque jour l’arbre à pain atrocement mutilé.

Il n’a toujours pas retrouvé sa beauté d’avant ni même la moitié de sa beauté mais il est vivant et porte de nombreux fruits. La pluie qui est tombée ces deux ou trois dernières semaines lui a sans doute donné de la vigueur.

Avant mon départ en vacances, je m’occupais de lui, pendant la sècheresse. Tous les soirs, à condition de ne pas être vue par sa propriétaire (car le fait de me voir m’occuper de son arbre n’éveillerait pas forcément en elle de bons sentiments), je versais à son pied l’eau que j’avais recueillie dans la journée à son intention : l’eau des pommes de terre, l’eau refroidie des nouilles, toutes les eaux de ménage à condition qu’elles ne soient pas souillées par des produits de lavage. Près de son tronc, l’herbe restait verte, en cette période de sècheresse alors qu’un peu plus loin, elle était brûlée par le soleil et le manque d’eau. Les racines de l’arbre, sans doute, bénéficiaient aussi de mon eau.

Qui sait si mes petits arrosages clandestins n’ont pas aidé l’arbre à survivre en attendant les pluies du mois de mai ?

Hier, je n’ai pas dessiné l’arbre à pain mutilé mais j’étais auprès de lui et je peignais les cocotiers et le flamboyant en fleurs. C’est très difficile de peindre un flamboyant mais peu importe. L’important, c’est de rester assise dans la nature et de peindre ce qu’on voit.

J’ai presque fini le livre de psychologie que je lis depuis quelque temps, ce livre que j’ai acheté en France et qui s’appelle « Victime des autres, bourreau de soi-même ».

Ainsi que la plupart des livres de psychologie ou de développement personnel, il explique que la pratique de l’art, d’un art quelconque que nous choisissons, qui nous convient, est guérisseuse. Il faudrait pratiquer tous les jours pour que ça aide vraiment à aller mieux, et surtout, il faut apprendre à prendre du plaisir à cette pratique.

Il y a bien d’autres choses dans ce livre passionnant.

L’auteur est Guy Corneau, un canadien. Il se réfère beaucoup à Jung. Jung. Voilà un auteur que je lirai prochainement. Jung semble être la référence de tous ces livres de psychologie (occidentaux) qui mettent en valeur la créativité. Selon Corneau, Jung a mis en avant l’idée que nous avons un « soi » créatif étouffé par un « moi » qui nous contrôle au nom de la survie de la personne. Mais qui est la personne ? Corneau appelle « personnage » cette construction que nous assimilons à notre « moi » et qui amasse la somme de toutes nos peurs, de toutes nos culpabilités et nous coupe de la seule partie de nous qui est véritablement apte au bonheur, le « soi ».

Ça ne te rappelle rien, Dexter ? Le cerveau gauche et le cerveau droit, c’est un peu la même chose, non ?