internet et école : un exemple
Mon BR qui était descendu à 4 est d'un seul coup remonté à 9, en une seule journée...Pourquoi ?
Dexter aurait-il clické sur mon blog quelques dizaines de fois pour le faire remonter ?
Je regarde mes statistiques : plusieurs personnes ont visité mon blog. Je constate que les chasseurs de souris sont toujours là à se demander comment se débarrasser des petits rongeurs envahissants (cf un de mes articles anciens sur ce sujet) mais il y a aussi, de plus en plus nombreux, ceux qui s'intéressent à l'aide aux devoirs. Certains sont des parents qui cherchent à savoir si les profs d'aide aux devoirs vont vraiment aider leurs enfants. D'autres sont des professeurs qui, sans doute, comme moi, se demandent si l'aide aux devoirs est une activité qui peut rapporter de l'argent, même un tout petit peu. Ils se demandent, par exemple, si, quand ils se rendent au domicile des parents des enfants à aider, ils seront payés pour le temps passé sur la route. Franchement, chers amis, n'y comptez pas. Si vous avez dit à un parent que vous leur demandez dix ou douze euros de l'heure (c'est le tarif que les « associations » payent aux « profs »), même si vous avez passé une heure dans les embouteillages pour un seul élève, ne comptez pas sur qui que ce soit pour vous payer ce temps perdu. L'aide aux devoirs, côté profs, est une activité peu rémunératrice et bien décevante.
Et côté enfants (ou parents), est-ce que ça vaut le coup ?
Désolée, chers parents, mais, à mon avis, ça ne vaut pas le coup. Vos dix euros qui remboursent tout juste l'essence que le prof a utilisée pour venir chez vous, ne permettront pas à votre enfant d'être meilleur en orthographe ou en anglais (je ne sais pas pour les maths, ce n'est pas dans mon domaine de compétences). Car tout vient de ce qui s’est passé avant, dans la vie de l’enfant, aux séances de lectures entre parents et enfants jusqu’à l’âge de six ans et même, bien après, à toutes les petites choses que les parents enseignent à leurs enfants, à l’attention qu’ils leur portent et bien d’autres choses encore que je ne sais pas…
L'élève dont je suis le plus fière est un enfant que je n'ai pratiquement jamais vu. C'est son papa que je vois. Le papa en question est un de mes collègues.
Il est dans mon service ce qu'on appelle un homme à tout faire. Entré dans le service (un service culturel) au début des années quatre-vingt à l'âge de vingt ou vingt-deux ans, à une époque où on embauchait des petits gars pas ou peu diplômés sans leur demander de prouver qu'ils connaissaient personnellement les hommes politiques les plus en vue, il porte les charges lourdes, change les ampoules, vérifie les appareils techniques,...Mais jamais, dans son travail, il n'est appelé à des fonctions dites « intellectuelles ».
Il habite un village dans les hauteurs. Son épouse ne travaille pas. Elle ne conduit pas. Elle reste à la maison et s'occupe de tâches domestiques, regarde la télé, lit des romans,...Une femme pas libérée, quoi.
Il y a quelques années, mon collègue qui aime bien poser des questions aux uns et aux autres sur tout un tas de sujets m'a demandé ce que je pensais des ordinateurs et d'internet pour l'éducation des enfants. Je lui ai répondu que, depuis qu'il y avait un ordinateur à la maison, mon fils avait complètement lâché la lecture (c'était quand il était en sixième que c'était arrivé). Mon collègue a voulu en savoir plus. Il me disait que les profs encourageaient les enfants à posséder des ordinateurs et même à être abonnés à internet. « Qu’en pensez-vous ? » me demandait-il.
Un jour, en guise de réponse, je lui ai posé une question : « comment ça se passe à l'école pour votre petit garçon ? » Il m'a répondu que ça se passait très bien, que son fils était parmi les meilleurs.
« Pourquoi voulez-vous rajouter internet dans son univers si ça se passe bien pour lui, à l'école ?
-c'est que, m'a-t-il répondu, il y a des professeurs qui demandent aux enfants d'avoir internet pour faire certaines recherches documentaires. »
Je lui ai alors répondu que nous, dans le service, on avait tous les outils pour les recherches de son fils : des livres, internet, et qu'il n'avait qu'à faire les recherches pour son fils dans notre service plutôt que de gaspiller son argent et prendre le risque de gâcher les bons résultats scolaires de son fils.
Je devrais me rappeler que je lui ai donné ce conseil et que je me suis en quelque sorte engagée auprès de lui ce jour-là - chaque fois que, un peu irritée par ses demandes de documentation, je lui dis que je n'ai pas le temps de faire la recherche pour son fils....
Parce que, figurez-vous qu'il m'a écoutée, mon collègue.
Il nous amène tous les devoirs de son fils et nous demande (à moi et à mon collègue préféré) de trouver tous les documents dont son fils a besoin.
Ça fait pas mal d'années que ça dure. Depuis la sixième de l'enfant et peut-être même un peu avant.
Il a tenu bon, mon collègue : il n'y a toujours pas d'ordinateur chez lui.
Cette semaine, il est venu me voir avec un petit texte écrit en anglais.
« C’est mon fils qui a écrit ce texte pour l'école » m'a-t-il dit « il a fait ses recherches dans les livres ( au CDI, je crois) et il a fait lui-même la traduction en anglais. Il m'a demandé de vous demander s'il y avait des fautes. »
En dehors d'un « maked » qui aurait dû être « made », je n'ai pas trouvé de fautes dans ce texte qui était bien structuré que ce soit pour ce qui est du plan général du texte ou de chaque phrase. Des phrases bien construites, logiques. Tout avait un sens.
« Je n'ai jamais vu un texte aussi bien structuré » ai-je dit (je voulais dire, bien sûr, « pour un travail d'élève »). « En quelle classe il est, votre fils, maintenant ?
-en troisième.
-il est toujours bon élève ?
-il est premier de sa classe. Il a dix-sept de moyenne générale.
-eh bien, ai-je répondu à mon collègue, vous êtes le meilleur papa que je connaisse. Je n'ai jamais vu de parents s'occuper aussi bien de leurs enfants. Votre fils est bon élève parce qu'il est intelligent, c'est certain mais c'est surtout parce que vous avez été en mesure de ne pas gâcher son intelligence et de l'aider à faire ses devoirs comme il faut. À notre époque, c'est remarquable. »
Bon. D’un autre côté, on peut dire que ce garçon sera en quelque sorte handicapé pour ce qui est de savoir utiliser les ordinateurs et internet. On ne peut pas tout avoir.
Et puisque je suis dans un sujet concernant les enfants et l’éducation, j’en profite pour signaler que
Mary (Ker Mary) a eu un bébé il y a quelques jours, une petite fille. Bienvenue dans notre monde, petit bébé plein d’amour ! Dans quinze ans, on se posera d’autres questions à propos d’autres technologies mais la question de l’éducation des enfants sera toujours aussi difficile à résoudre.