la générosité
Ce qui me dérange, avec mon article précédent, c'est le fait que j'ai l'air de vouloir mettre en valeur ma "générosité" : je suis généreuse puisque je donne une grande partie de mon salaire (à mes enfants, dans le cas présenté). Et pourtant, je déteste les gens qui n'ont que ce mot "générosité" à la bouche. Enfin, je ne déteste pas vraiment ces gens mais je déteste leur utilisation du mot. On l'emploie vraiment très souvent dans les médias. ça fait partie des mots à la mode. Il y a dans notre monde des gens généreux et des gens qui ne le sont pas. Par exemple, la semaine dernière, il y a eu un match de foot (en Guadeloupe) qui était supposé être un match de solidarité avec Haïti. Le produit des entrées devait être reversé à Haïti. Quelques jours avant, il y avait eu un concert pour Haïti qui avait eu beaucoup de succès et avait permis de rassembler beaucoup d'argent.
Dans ces grands moments de "générosité" du peuple, on oublie nos propres problèmes. On oublie le chômage, les détresses individuelles qui continuent d'exister dans nos pays riches, les écarts énormes entre le salaire de Thierry Henry (qui a "généreusement " donné 56 millions d'euros à Haïti) et ceux de la plupart des français. Et les donneurs de leçons habituels s'avancent sur les scènes de concert en costumes de haute couture ou en robes de soirées scintillantes et s'adressent aux français avec des paroles du genre : "Vous ne pourrez pas emporter votre argent dans l'au-delà alors, donnez !"
"donnez!"
Qui donne à qui ?
Jeudi dernier, une bonne partie de l'émission sportive de la télévision locale, émission incroyablement rasante, animée par un fils de famille fortunée de Guadeloupe, a été consacrée au match de foot de solidarité qui n'avait remporté aucun succès (ils ont vendu trois cents places, je crois). Les animateurs ont longuement reproché aux sportifs guadeloupéens de ne pas s'être déplacés pour Haïti, de ne pas avoir été généreux.
Alors, ma "générosité" concernant ma solidarité familiale prend maintenant un tout autre sens. Elle prend un sens d'excuse parce que je n'ai pas pu être généreuse avec les haïtiens. Je ne suis pas "généreuse", en général avec les grandes causes humanitaires médiatisées. J'ai assez de mal à m'en sortir avec ma solidarité familiale (qui s'exporte maintenant jusqu'au Cambodge) pour ne pas avoir à y ajouter toutes les causes humanitaires du monde.
Quelquefois, à l'entrée des magasins, quand on m'appelle pour que je sois généreuse et que, sans vraiment me le dire, on me reproche de ne pas l'être, je me dis que pour ne pas repartir avec le coeur aigri d'avoir été remarquée comme radine ou égoïste, il faudrait peut-être que je m'installe auprès des généreux délégués d'associations d'appel aux dons et que je leur raconte ma vie.
Je suis sûre qu'alors, des centaines de gens feraient comme moi et raconteraient leur vie aux associations pour qu'on arrête de nous insulter silencieusement, nous, les pas bien riches, qui ne donnons pas tout ce que nous avons aux associations caritatives.
Parce qu'encore une fois, il y a queque chose de très injuste dans le système de moralité de notre monde : seuls ceux qui ont vraiment beaucoup peuvent être estampillés par la société comme "personnes généreuses". Et ils illuminent le monde avec leur générosité.
Mais vous et moi, chers lecteurs, nous sommes dans l'ombre et nous devons nous cacher pour que personne ne se rendre compte que, à notre grande honte, nous n'avons rien donné lors d'une grande quête.
Dans ces grands moments de "générosité" du peuple, on oublie nos propres problèmes. On oublie le chômage, les détresses individuelles qui continuent d'exister dans nos pays riches, les écarts énormes entre le salaire de Thierry Henry (qui a "généreusement " donné 56 millions d'euros à Haïti) et ceux de la plupart des français. Et les donneurs de leçons habituels s'avancent sur les scènes de concert en costumes de haute couture ou en robes de soirées scintillantes et s'adressent aux français avec des paroles du genre : "Vous ne pourrez pas emporter votre argent dans l'au-delà alors, donnez !"
"donnez!"
Qui donne à qui ?
Jeudi dernier, une bonne partie de l'émission sportive de la télévision locale, émission incroyablement rasante, animée par un fils de famille fortunée de Guadeloupe, a été consacrée au match de foot de solidarité qui n'avait remporté aucun succès (ils ont vendu trois cents places, je crois). Les animateurs ont longuement reproché aux sportifs guadeloupéens de ne pas s'être déplacés pour Haïti, de ne pas avoir été généreux.
Alors, ma "générosité" concernant ma solidarité familiale prend maintenant un tout autre sens. Elle prend un sens d'excuse parce que je n'ai pas pu être généreuse avec les haïtiens. Je ne suis pas "généreuse", en général avec les grandes causes humanitaires médiatisées. J'ai assez de mal à m'en sortir avec ma solidarité familiale (qui s'exporte maintenant jusqu'au Cambodge) pour ne pas avoir à y ajouter toutes les causes humanitaires du monde.
Quelquefois, à l'entrée des magasins, quand on m'appelle pour que je sois généreuse et que, sans vraiment me le dire, on me reproche de ne pas l'être, je me dis que pour ne pas repartir avec le coeur aigri d'avoir été remarquée comme radine ou égoïste, il faudrait peut-être que je m'installe auprès des généreux délégués d'associations d'appel aux dons et que je leur raconte ma vie.
Je suis sûre qu'alors, des centaines de gens feraient comme moi et raconteraient leur vie aux associations pour qu'on arrête de nous insulter silencieusement, nous, les pas bien riches, qui ne donnons pas tout ce que nous avons aux associations caritatives.
Parce qu'encore une fois, il y a queque chose de très injuste dans le système de moralité de notre monde : seuls ceux qui ont vraiment beaucoup peuvent être estampillés par la société comme "personnes généreuses". Et ils illuminent le monde avec leur générosité.
Mais vous et moi, chers lecteurs, nous sommes dans l'ombre et nous devons nous cacher pour que personne ne se rendre compte que, à notre grande honte, nous n'avons rien donné lors d'une grande quête.