Les alertes cycloniques
Les alertes cycloniques.
Elles font partie des habitudes antillaises.
Quand approche le cyclone, on ressent une ambiance particulière. On est dans un état d’esprit qui nous fait oublier tous nos soucis habituels comme par exemple celui de la difficulté que nous aurons à faire passer notre chèque d’impôts sans passer dans le rouge (les impôts et les cyclones arrivent en même temps).
On se rassemble, on parle sur les trottoirs, on regarde la mer dont les vagues se sont inversées par rapport à leur orientation habituelle. On entend au loin gronder un orage qui semble ne pas se rapprocher vraiment de nous. Le ciel s’assombrit. Les premières gouttes de pluie tombent. Les éclairs sont là maintenant pour nous dire que l’orage est bien sur nous mais il y a plein d’autres orages au loin.
On range nos affaires dans nos galeries en cas de coup de vent qui transformerait chaque objet un peu lourd en projectile. On ferme les volets, les persiennes. On écoute la radio, la télé. De temps en temps, tout s’éteint. Plus d’électricité. Le courant revient avant qu’on ait trouvé les bougies. On va les chercher, au moment où la lumière revient, au cas où on serait de nouveau dans le noir.
A la télé, le directeur départemental de la météo répète ce qu’il a déjà dit parce que le journaliste ne s’est pas rendu compte qu’il a posé la même question qu’il y a cinq minutes. Que va-t-il se passer ? Serons-nous touchés ? À priori, ce n’est pas sur nous mais plutôt sur Saint-Martin que les vents se déchaîneront. Comme d’habitude. Y aura-t-il du vent ? Aurons-nous de la houle ? Les routes seront-elles détruites demain matin quand nous irons au travail ? Le directeur de la météo nous rappelle qu’il surveille tout ça et que nous devrons être à l’écoute de ses informations et conseils dans les heures qui viennent mais, à priori, rien de bien inquiétant pour nous. C’est plutôt l’île de Saint-Martin qui est visée et Saint-Barth aussi bien sûr. On envoie alors le reportage sur Saint-Martin. Comme d’habitude, c’est sur le parking du supermarché que les journalistes se positionnent pour prendre le pouls de l’île. On y voit des gens (oh ! la belle blonde, dis donc ! on dirait que les journalistes ont choisi la plus jolie dame pour leur interview). Ils lui demandent ce qu’elle a acheté. Elle répond, d’un air un peu agacé, qu’elle a fait ses courses pour la semaine et qu’elle a pris un pack d’eau de plus que d’habitude. Ça fait partie du folklore cyclonique, le pack d’eau. Enfin, c’est un peu plus que du folklore, j’exagère…. On coupe l’eau à l’approche du cyclone alors, il faut bien en acheter.
Bon, nous, on ne sera pas touchés (on l’est rarement) mais on va rester dans l’ambiance quelque temps.
Dans l’émission quotidienne « la météo des cyclones », on a vu que, pendant toute la semaine, des cyclones potentiels allaient rôder dans l’Océan Atlantique.