Les douze semaines de Julia
Pas facile d'aller au bout des douze semaines du livre de Julia Cameron. On doit le lire et aussi faire tout un tas d'exercices.
De septembre à décembre 2008, en 14 ou 15 semaines au lieu de 12, j'ai fini par achever le livre "libérez votre créativité". La tâche la plus simple à accomplir était celle des pages matinales à écrire tous les matins. La tâche qui m'a posé le plus de problèmes était celle du rendez-vous avec son artiste. Je n'ai pas réussi à l'accomplir.
Voici pour toi, Dexter, un rassemblement de mes impressions concernant mes premières semaines de lecture et exercices de ce livre :
extraits de mon blog (sept oct 2008) :
09-09-08
J'ai également avancé, ce week-end, dans ma lecture de the artist's way, un livre que je lis en anglais (sur internet, les livres en anglais sont moins chers que quand ils sont traduits) et qui ressemble assez à Dessiner avec le cerveau droit ; ces deux livres ont été écrits à la même époque (fin des années soixante dix) par des américaines et ils mettent tous deux en pratique les connaissances que l'on peut avoir sur le cerveau droit. Dans The artist's way, l'objectif est de retrouver en nous l'artiste qui existe mais que nous avons perdu de vue. Ce livre s'adresse à tous ceux qui auraient aimé être écrivains ou peintres ou musiciens, etc. et qui ressentent un malaise par rapport à ce désir non accompli. Il y a, dans ce livre, tout un tas de tâches à accomplir étape par étape. Cette semaine, il me faut choisir un métier que je dois exercer. J'ai donc choisi le métier de peintre et je me concentre sur mon tableau de cocotier.
25-09-08
Je continue, semaine après semaine "the Artist's way" de Julia Cameron et m'attache à faire aussi bien que je peux les activités qui sont supposées me faire progresser dans mon désir d'être artiste. Serai-je une artiste une fois que j'aurai fini le livre en ayant tout fait pour accomplir les diverses tâches demandées ? La tâche de la semaine consiste à passer une heure à écrire ou dessiner (ou faire du sport pour les sportifs) en laissant arriver ce qui doit arriver...Je pense que j'attendrai le week-end pour faire ce petit travail.
29-09-08
J'ai également continué de lire les deux livres que j'ai en cours : "The Artist's way" et "Noa Noa". J'ai fini "Noa Noa" en sautant un tout petit peu sur une ou deux pages concernant la généalogie des dieux polynésiens.
"The Artis's way" étant un manuel avec des cours et des tâches à effectuer, j'en lis un chapitre par week-end, chaque chapitre se terminant par les tâches à accomplir. Ces tâches sont à la fois très simples et très difficiles. L'objectif général du livre, je le rappelle, est de débloquer l'artiste qui est en chacun de nous. Une autre façon de voir les choses est de dire que nous essayons d'ouvrir notre cerveau droit : c'est (si j'ai bien compris) la même chose, la même démarche. Pas à pas, nous nous ouvrons à un monde différent de celui que nous connaissons dans la vie quotidienne. Je n'arrive pas à exécuter toutes les tâches demandées mais j'essaie. Celle que j'arrive à faire et qu'il faut faire tous les matins sans exception depuis le début du cours, consiste à écrire trois pages de ce qui nous vient en tête le matin au moment où nous nous levons. L'auteure appelle ça les "morning pages".
Cette semaine (semaine 4) j'ai, comme épreuve principale, quelque chose d'étonnant et très difficile à faire : je ne dois pas lire. Pas lire de romans, pas lire de journaux, pas lire de blogs,....Et il ne faut surtout pas remplacer cette privation de "mots des autres écrits" par des "mots des autres oraux" : pas de télévision, pas de radio, pas de bavardages inutiles. Il faut remplacer la lecture par autre chose : je peux écrire puisqu'il s'agit de mes mots à moi. Je peux dessiner, peindre, danser, chanter, écouter de la musique, me promener, aller à la mer, faire du rangement, arroser mes tomates, faire la cuisine....Il y a énormément de choses à faire que je n'ai jamais le temps de faire. J'ai le droit de profiter de ma semaine de privation de lecture pour faire toutes ces choses. Quel est l'objectif de cette privation de lecture ? Je vais essayer de le comprendre et de l'expliquer. Il s'agit, pour résumer de la façon la plus simple possible, de donner une chance à notre "moi" intérieur de se faire entendre. Il s'agit de se vider de choses inutiles pour laisser la place à des choses nouvelles. Il s'agit aussi d'arrêter de se donner des excuses qui nous empêchent de travailler notre art. Il s'agit également de bien d'autres choses mais je crois qu'il faudra que je sois plus avancée dans mon "ouverture de conscience" pour bien comprendre tout cela.
Ce week-end, une fois que j'ai lu dans "The Artist's way" que la tâche principale de la semaine à venir était de ne pas lire, je me suis dépêchée de finir "Noa Noa" pour ne pas avoir la tentation d'un livre en cours. La privation de télé sera assez difficile aussi (elle accompagne obligatoirement la privation de lecture) car, je dois avouer que la télé fait partie de mes habitudes (dans la semaine 3, il fallait faire une liste de ses habitudes. Je n'avais pas marqué la télé mais, maintenant qu'il va falloir que je m'en prive, je m'aperçois que la télé, tout comme la lecture est une de mes habitudes).
Cet exercice de privation de lecture montre que le travail que nous nous engageons à faire quand nous commençons à lire "The Artist's way" est une volonté de transformation profonde.
Je vais citer de mémoire une phrase de l'auteure (Julia Cameron) : lire ce livre sans pratiquer les tâches, c'est comme lire un livre sur le jogging sans jamais chausser ses "Nike".
08-10-08
Après ma semaine d'abstinence de lecture qui m'obligeait à ne pas me laisser submerger par les mots des autres, me voilà arrivée à la semaine 5. Essayons de faire une bonne traduction du résumé que fait l'auteure de son chapitre :
"Cette semaine, vous allez essayer de comprendre certaines raisons qui font de vous un artiste bloqué.
Vous allez explorer les processus que vous mettez en place dans votre vie pour réduire vos possibilités : en effet, vous ne cessez pas de mettre des limites autour de vous, ce qui vous empêche d'être réceptifs à ce qui pourrait être bon pour vous. Vous allez réaliser que votre habitude de vouloir toujours avoir l'air bon et généreux au lieu d'être authentique vous coûte très cher. Vous allez peut-être vous mettre à envisager d'entreprendre certains changements radicaux dans votre vie de façon à ne plus laisser les autres être la cause de vos problèmes."
Se débarrasser des autres pour arriver à être soi. Etre égoïste pour que le moi intérieur, le vrai moi (le moi "artiste"), puisse enfin s'exprimer. Si nous ne faisons pas un peu de ménage dans nos vies, si nous ne décidons pas que les autres doivent nous laisser tranquilles, nous ne pourrons jamais être seuls avec l'artiste qui est en nous et que nous risquons de tuer à force de ne pas nous occuper de lui.
Osons dire "non" à ceux qui nous sollicitent sans arrêt, qui nous demandent de les aider à déménager alors que nous avions prévu d'aller au théâtre ; osons dire "non" à nos enfants lorsqu'ils exigent de nous que nous les emmenions à une de leurs activités alors que nous, justement, à cette heure là, on aurait pu suivre un cours de poterie...Voilà quelques uns des exemples que nous donne l'auteure qui veut ainsi nous démontrer qu'à force de nous sacrifier pour les autres, nous ne nous occupons pas de nous, nous ne laissons pas notre artiste personnel s'exprimer, nous risquons de ne jamais être l'artiste que nous désirons être. Notre artiste finira par mourir et nous-mêmes ne serons plus que des coquilles vides.
Qu'en est-il de moi, de ma vie ?
Un seul exemple devrait suffire. Je pourrais, hélas, en donner plein d'autres me concernant mais je vais me contenter de donner celui (ô combien douloureux !) de mes relations avec mon fils qui aura bientôt vingt ans. Pardon de parler de quelque chose de vraiment personnel mais parfois, les exemples les plus intimes sont les plus parlants. Voilà :
Comment puis-je laisser mon fils me dire qu'il lui est nécessaire de sortir parce qu'il est jeune et que quand on est jeune ce besoin est impératif, alors que lorsqu'il sort, il utilise ma voiture, mon essence, mon argent et même mon temps puisque pour payer ses excès, je dois faire des heures supplémentaires ? Si mon doudou (depuis un an que nous nous connaissons) ne m'avait pas ré - appris à sortir (même si nous n'allons pas très loin), je ne sortirais plus du tout depuis des années parce que je manque d'argent pour le faire alors que mon fils, lui, utilise largement ce droit de sortir avec l'argent que je gagne en travaillant ?
Eh bien voilà ! Je le lui ai dit à mon fils, pas plus tard qu'avant-hier. Nous sommes, en ce moment, dans de grandes discussions (depuis plus d'un an déjà, d'ailleurs) pour essayer de savoir s'il doit faire des études ou travailler. On a essayé les deux. L'idée qu'il devait travailler semblait plutôt bonne mais son compte en banque est devenu encore plus débiteur que quand il était étudiant. Croyant qu'un salaire lui permettrait d'acheter ce qu'il voulait et de sortir autant qu'il voudrait, il s'est retrouvé avec des débits mensuels allant jusqu'à mille euros, débits que, contactée par sa banque, je devais combler le plus vite possible...
Aussi, quand, au cours d'une discussion, il m'a accusée de vouloir l'obliger à faire telle ou telle chose (je ne vais pas donner ici trop de détails), j'ai fini par lui répondre :
"Ce n'est pas moi qui t'oblige à quoi que ce soit ! Je ne fais que te suggérer certaines possibilités pour que tu arrêtes, toi, de me mettre dans des situations abominables ! C'est toi qui m'obliges à ne pas sortir parce que tu veux sortir ! C’est toi qui m'obliges à trouver des solutions qui m'obligent, moi, à travailler pendant le week-end parce que je ne gagne pas assez pour payer tes dettes ! Si je te demande de faire telle ou telle chose, ce n'est pas pour toi, c'est pour moi, parce que j'ai besoin d'avoir la paix !"
Merci, chers lecteurs, de ne pas me faire des commentaires sur le fait que j'ai mal élevé mon enfant, sur le fait que j'aurais dû couper son compte en banque depuis longtemps et autres remarques moralisatrices qui risquent de me tomber dessus après que j'aie avoué toutes ces horreurs intimes (cependant, ils sont nombreux les parents qui, comme moi, payent très cher le fait d'avoir laissé leurs enfants prendre l'habitude de les dominer). Ce n'est pas pour que l'on m'explique ce que je dois faire avec tout cela que je l'ai écrit mais simplement pour illustrer la façon dont j'applique le chapitre 5 du livre que je lis. Il me semble en effet que lorsqu'on parle d'un tel livre et qu'on a commencé à expliquer comment on applique les leçons du livre et que l'on espère, finalement, prouver qu'en appliquant au mieux les leçons, on a fini par évoluer, on doit parfois livrer certains secrets difficiles à porter.
Peut-être, d'ailleurs, mon exemple n'est-il pas bon car il est clair que je ne suis pas généreuse avec mon fils en le laissant abuser de moi mais carrément stupide.
Prenons donc un autre exemple : celui de l'aide aux devoirs que je pratique. Est-ce que je fais ce travail pour aider les autres ou pour gagner de l'argent ? Si je le fais pour gagner de l'argent, je suis claire. Si je le fais pour aider les autres, je le suis beaucoup moins. Lorsque donc, pour reprendre l'histoire que je racontais concernant les cours donnés pour treize euros de l'heure qui, une fois que j'avais fait le calcul de l'heure passée sur la route et des dépenses en essence ne me rapportaient quasiment rien, je me retrouve à faire tout ça uniquement par générosité, ai-je bien raison de faire ce travail ? Une générosité qui me prive d'un temps précieux dont mon "moi intérieur", mon "moi artiste" a vraiment besoin est peut-être une générosité mal placée.
Apprenons à être égoïste parce que, si nous ne nous occupons pas de nous-mêmes, nous ne pourrons pas éternellement nous occuper des autres : nous serons morts avant d'avoir eu le plus petit moment pour nous occuper de notre vrai "moi".
J'en suis donc à pratiquer nombre de petites révolutions autour de moi de façon à ce qu'on me fiche la paix et que je m'occupe vraiment de moi. C'est mon travail de la semaine.