retraites : pourquoi je vais faire la grève
Demain, je vais faire la grève. C’est décidé. Voici quelques unes de mes raisons :
D’abord, j’ai entendu à la télé que notre président et ses copains considèrent que si le nombre de grévistes n’augmente pas (ou pire, baisse) ça veut dire que les salariés sont d’accord avec ce qu’ils appellent la « réforme de la retraite ». En réalité, pour beaucoup d’entre nous, si nous ne faisons pas la grève c’est parce que nous sommes prisonniers de nos traites, de nos loyers que nous devons payer, de nos factures d'électricité et d'eau, et de tous les abonnements auxquels nous avons souscrit par réflexe de consommateurs.... Un jour de grève, ou même quelques heures de grève, c’est une journée sans salaire. Ça compte pour nous, les salariés car il faudra toujours payer ce que nous sommes obligés de payer.
Ensuite, je considère que la réforme n’est pas une réforme. Et la décision du gouvernement de faire une réforme parce qu'il faut faire rentrer d’urgence deux ou trois milliards parce que c’est ce qui manque dans la caisse des retraites, ça ne fait que prouver, selon moi, que le gouvernement gère les budgets avec beaucoup moins de prévoyance et de raison que je ne le fais chez moi. Vite, on a besoin d’argent : il faut supprimer deux ans de retraite à ceux qui vont la prendre demain. C’est les plus pauvres, les plus fatigués ? Tant pis : on a besoin d’argent d’urgence.
Il y a aussi qu’à la télé, on nous laisse croire que prendre sa retraite, ça signifie, dans la plupart des cas, voyager, faire des croisières. Moi, si j’avais le droit de prendre ma retraite à soixante ans ou avant, ce serait pour rmplacer mon travail par un autre travail que j’aime davantage sans être obligée de me lever tous les matins et revenir chez moi, le soir, fatiguée. Ce serait pour faire de la peinture, pour écrire mes pièces de théâtre, pour m’occuper de mon jardin (si j’en avais un), pour me nourrir convenablement. Ce serait surtout pour être auprès des miens, de ceux que j’aime, de ceux qui peuvent avoir besoin de moi et, en ce moment, il y a ma petite-fille qui a besoin de moi et aussi ma mère qui vieillit et qui se sent seule. Prendre ma retraite, ça consisterait en partie à participer à lui éviter des changements qui la tueraient comme quitter sa maison et son jardin… Selon la « réforme », je n’aurai pas le droit de partir à la retraite avant l’âge de 67 ans. Ma petite-fille sera grande et ma mère sera probablement morte.
PS : ce texte est un peu la réponse à la demande de Sollers - et à ton commentaire, Dexter - puisque j'y parle de moi dans cette question de la réforme de la retraite. N'est-ce-pas, Dexter ?