un projet qui se précise
Je n’étais pas venue sur mon blog depuis bien longtemps. Un peu surchargée je dois dire. Tant de choses à faire dans mes vies de travail, de loisirs (ou plutôt de créativité), de famille. Pour ce qui est du travail, on a eu droit à un petit repos comme chaque année pour carnaval. Carnaval est une telle affaire, aux Antilles, qu’on ferme les bureaux pendant trois jours de façon à ce que chacun puisse s’occuper de son carnaval (c’est un vrai travail et d’énormes quantités d’argent sont en jeu) et pour que ceux qui ne participent pas puissent être spectateurs. Et puis, il y a tellement d’embouteillages qu’il serait impossible d’aller à son travail si les bureaux étaient ouverts. Cinq jours de liberté. J’en ai fait quoi ? Du repos et des textes. En particulier, des textes pour mon petit guide touristique que je prépare et que je n’avais pas touché depuis longtemps. Je me suis remise dedans avec un oeil neuf et un nouveau plan. Quatre chapitres principaux chacun ne dépassant pas une page 21 x 29,7 (c’est-à-dire deux ou trois pages d’un petit livre). Les quatre chapitres sont : les premiers habitants ; les noms des habitants ; les points de vue et les sites ; la route. L’ordre que j’ai mis là n’est pas obligatoire car chacun de ces titres peut venir en premier. L’idée est que je ne fais ni un plan chronologique ni un plan topographique. Chaque chapitre contient plus ou moins tout sans répétitions et chaque chapitre complète les autres. Bon. Je ne sais pas encore si ça marchera vraiment aussi bien mais c’est l’idée. Il y aura un cinquième chapitre qui pourra être un peu plus long et qui aura un rôle d’illustration. Ce sera l’histoire de l’enfance de mon doudou dans son village. Il avait 12 ans au milieu des années soixante-dix et, aux Antilles, et plus encore dans la petite ville que je décris, tout a basculé au milieu des années soixante-dix. Le chapitre « la route » est particulièrement important et pas seulement pour cette commune précisément. Les routes, dans les communes peu importantes, côtières et montagneuses, n’ont été réellement mises en service qu’au milieu du vingtième siècle ou même dans les années soixante-dix dans certains cas. L’eau potable au robinet, également, est arrivée plus tard qu’en France dans les foyers. Les voitures étaient peu nombreuses et le bus était un moyen de transport très utilisé (en plus des canots). Et c’était des bus faits « maison » avec une cabine de camion d’après-guerre et, sur le châssis, une construction en bois où s’installaient les passagers. Les gens vivaient des produits de leurs jardins et des produits de la mer. Il n’y avait pas de supermarchés. Et puis, d’un seul coup, tout arrive. D’un seul coup, la Guadeloupe est entrée dans le monde moderne. Les containers venus de France ont permis d’achalander les supermarchés qu’on ouvrait partout. Les routes carrossables étaient bitumées. On en construisait même de nouvelles. Les voitures arrivaient aussi dans les conteneurs et de plus en plus de particuliers y avaient accès. Dans les années quatre-vingt, c’était fait. La Guadeloupe était entrée dans le même monde que le reste du monde. Un fonctionnaire métropolitain venu travailler en Guadeloupe n’était plus dépaysé. Avantage ou inconvénient, ce modernisme soudain ? Ce confort soudain ? Le texte que racontera mon doudou dans notre guide parlera de ce que les derniers enfants de l’ancien monde ont connu et qui ne ressemble en rien à ce que les enfants d’aujourd’hui connaissent. Il ne s’agira pas de faire la morale aux enfants sur le thème « c’était mieux avant » mais simplement d’illustrer par un témoignage des chapitres comme celui de la route. J’ajouterai à tout ça des illustrations sur lesquelles je travaille depuis des mois et puis des cartes, une liste des associations, une liste des commerces. Finalement, il y aura pas loin de cinquante pages peut-être. C’est ma limite maximum. Mon objectif est de faire court, simple, de faire un petit guide touristique qui n’aura aucune concurrence (il n’en existe pas encore pour cette commune), qui comblera donc un vide et qui sera vendu moins de dix euros.