création : le fond, la forme et le reste....

Publié le par elizabeth971

Nous avons eu les résultats du concours d’écriture auquel j’ai participé.

Je n’ai pas gagné. Ai-je au moins fait partie des dix auteurs sélectionnés ? Je ne le sais pas. Je ne m’attendais pas à être la gagnante mais au moins, mon texte, ou en tout cas, l’idée de mon texte me semblait être digne d’entrer dans la sélection.

 Mais l’idée est bien peu de chose par rapport à la façon de raconter une histoire.

 

Je vais prendre trois exemples d’idées : celle du texte qui a gagné, celle du texte que j’ai présenté au concours et celle d’un film parfaitement construit que j’ai vu hier à la télé : « Là-haut ».

 

La pièce qui a gagné au concours auquel j’ai participé avait pour idée : deux enfants (un garçon et une petite fille) dialoguent et mêlent dans leur dialogue leur vie à la maison et leurs rêves. Le contraste entre la vie du petit garçon et celle de la petite fille est important. Le petit garçon  est malheureux chez lui car son père bat sa mère. La petite fille a une vie de famille équilibrée et heureuse. Imitant son père, le petit garçon se met à battre la petite fille. Puis, il regrette son geste.

 

Ma pièce a pour idée : dans une île des Antilles, une grève paralyse la vie des habitants. Une partie des habitants sera amenée à quitter l’île. Une famille composée d’une femme, de son amant et du fils de la femme reste sur l’île et organise sa vie en fonction des évènements. Les relations difficiles qui existaient entre la mère et le fils avant la grève vont se trouver chamboulées par la nouvelle organisation de vie.

 

Le film Là Haut a pour idée : Un vieil homme veuf refuse de vendre sa jolie maison pleine de tous les souvenirs de sa vie à des promoteurs qui ont l’intention de la détruire et ont décidé, pour accélérer l’affaire, d’envoyer le vieil homme dans une maison de retraite. Il décide de s’évader, de partir, avec sa maison, dans un lieu de rêve conformément à un projet qu’il avait eu autrefois avec son épouse.

 

 

Ces idées sont toutes de bonnes idées qui permettent de créer une histoire. Mais il ne suffit pas d’avoir une idée et c’est là que le travail, le vrai travail, celui de l’imagination et celui de la logique (deux mots qui semblent être contradictoires) va commencer. On doit mettre son histoire en forme. Le fond et la forme devront ne faire qu’un. La forme va peut-être mener l’histoire, le fond va peut-être la recadrer. La forme compte beaucoup plus que le fond à un certain stade de la création et il faut se laisser aller à tout un tas d’incohérences qui vont s’emparer de la forme mais pas trop…C’est un exercice très difficile.

 

L’une des questions importantes est : qu’est-ce que l’imagination ? L’imagination n’est pas la fantaisie. L’imagination permet, le plus souvent, de résoudre un problème.

Dans le texte n° 1, l’imagination utilise le rêve : les enfants vivent naturellement dans le jeu et le rêve et passent sans limite réelle d’une situation d’imitation de la réalité à une situation de jeu ou de rêve.

 

Dans le texte n° 2, l’imagination consiste à résoudre des problèmes. J’ai deux éléments dans mon idée de départ : la grève et les relations mère-fils. Une fois que j’ai situé, en utilisant les informations télévisées, un environnement de début de grève avec pénurie d’essence (la télévision annonce qu’il n’y a plus d’essence), je fais intervenir le garçon dans le salon où la mère et son amant regardent la télé. Le fils demande à sa mère les clés de la voiture pour aller chercher de l’essence dans une citerne privée dont ses copains lui ont signalé l’existence. C’est le déclenchement de l’action réelle, le déclenchement du départ : le fils a une mission, aller chercher de l’essence pour sa mère qui a exprimé qu’elle avait besoin d’essence parce qu’elle veut, malgré la grève, poursuivre des activités auxquelles elle tient.     

 

 

Dans le texte n°3 (le film d’animation), l’imagination va servir à résoudre le problème de l’envol de la maison. La maison ne peut être transportée que par les airs. Il faut qu’elle supporte le fait d’être soulevée (les murs doivent être solidaires avec le plancher qui lui, ne doit pas être solidaire avec les soubassements) et il faut une force, utilisant la voie des airs, qui permette de soulever une maison. La maison est en bois, elle est donc légère et est capable d’être désolidarisée. La force qui soulèvera la maison sera une énorme quantité de ballons gonflés à l’hydrogène. Une sorte de montgolfière, donc mais il est sans doute plus vraisemblable d’avoir des millions de ballons dans une maison qu’une toile de montgolfière…Et puis sur le plan de la forme et de l’appel à l’imaginaire des rêves et du jeu (ce film est plutôt destiné aux enfants), l’image de la maison s’envolant avec des ballons de toutes les couleurs est absolument merveilleuse.

 

A partir de maintenant, je vais abandonner le texte n°1 qui n’a plus besoin de structure réelle , vu qu’il a choisi le rêve…Et puis, je ne connais pas la suite du texte.

 

Dans les textes n°2 et 3, nous avons encore pas mal de problèmes à résoudre.

 

Dans le texte n°2, on va faire revenir le fils de sa mission après que la mère ait subi les affres de l’attente dans l’inquiétude, occasion pour l’auteur de révéler, dans un dialogue entre la mère et le beau-père, le fait que le fils a l’habitude, depuis qu’il a le permis de conduire, de faire des courses sur la nationale avec ses copains chaque fois que sa mère lui donne les clés de la voiture. Activité très dangereuse…

 

Dans le texte n°3, il va falloir intégrer un compagnon dans la solitude du vieil homme et ce n’est pas chose aisée. Le compagnon sera un petit scout qui a importuné le vieil homme pendant qu’il préparait son plan d’évasion. Le petit garçon se retrouve accroché au socle de la maison au moment de l’envol. Et si le vieil homme n’avait pas dit au petit garçon d’aller chercher dans le jardin un oiseau fabuleux, ça ne serait pas arrivé.

 

Dans le texte n°2, le garçon va revenir mais sans la voiture. Mission terminée. Mission échouée. Colère de la mère. Abandon du fils par la mère. L’histoire est terminée. Mais non. L’histoire n’est pas terminée puisque la grève n’est pas terminée et même, la grève va s’intensifier et la mère et le fils vont devoir reprendre contact et entamer une nouvelle forme de communication. Le beau-père a alors un rôle important à jouer dans cette nouvelle situation.

 

Dans le texte n°3, le vieil homme devra accepter son compagnon. Il n’a plus le choix puisque le voyage est commencé.

 

Commencent alors les aventures dans le texte n°2 et le texte n°3.

Dans le texte n°2 (le mien), les personnages s’organisent pour vivre dans un jardin avec les produits du jardin et de la pêche et sont heureux.

 

Dans le texte n°3, les aventures sont un bonheur absolu : plein de personnages vont intervenir et devenir l’intérêt principal de la quête des deux compagnons et en même temps, la maison va peu à peu devenir un fardeau (elle ne transporte plus les personnages ; elle est transportée par eux) ; elle va également, peu à peu perdre des éléments qui semblaient précieux pour leur propriétaire. L’objet de la quête devient alors l’oiseau fabuleux qui est devenu l’ami du petit garçon et que un savant fou, installé dans un lieu désert avec des chiens robotisés, veut capturer.

La forme devient alors, dans le film d’animation, éblouissante. L’imaginaire, les fantasmes, les rêves, quel que soit le nom que l’on voudra donner à ce phénomène de l’esprit, a pris presque toute la place. L’idée du début de l’histoire est presque oubliée. Les énergies des personnages sont entièrement consacrées au sauvetage de l’oiseau fabuleux et de nombreuses aventures (qui demandent des résolutions imaginatives) se mettent en place.

 

Le texte n°2 (le mien) se termine avec la fin de la grève et avec le choix offert aux personnages de retourner à leur vie ancienne ou de s’orienter vers la vie qui les a rendus heureux pendant quelques semaines : la vie dans la nature. La femme choisit pour elle et pour son fils le retour à la vie normale « parce qu’on n’a pas le choix », dit-elle. Mais le fils refuse et décide de faire son propre choix de vie. Il utilise, pour convaincre sa mère, des arguments dont il a été question tout le long de la pièce.

 

Dans le texte n°3 (le film), après avoir sauvé l’oiseau, s’être débarrassé du savant fou et avoir recueilli les chiens robotisés, le vieil homme et l’enfant, qui se sont emparés du zeppelin de leur adversaire, retournent chez eux. La vie normale reprend mais beaucoup de choses sont différentes parce qu’ils ont vécu quelque chose d’important et qu’ils ne sont plus seuls.

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D
<br /> <br /> Coucou, ton texte est très intéressant car il répond en partie à une des questions que je m'étais posées en lisant ta pièce,à savoir comment tu avais travaillé. J'aime bien comment tu décris le<br /> passage d'une idée à un scénario. Notamment avec le film et avec ta pièce, car je connais les deux. Cela me montre qu'en écriture je ne travaille pas assez, que je n'ai jamais assez travaillé. Je<br /> n'ai jamais assez travaillé car ce n'est peut-être pas une motivation profonde finalement. En tout cas ce n'est pas une motivation aussi profonde que l'envie de jouer de la musique. J'ai retenu<br /> un truc, c'est que ton rêve était de faire du théatre quand tu étais jeune et que tu n'avais jamais osé. Moi je n'ai jamais pensé à être écrivain, par contre qu'est-ce que je fantasmais sur<br /> l'idée d'être guitariste ou chanteur, en tout cas de jouer dans un groupe. Un groupe de rock plus précisément. Et c'est pour cette raison que je m'accroche comme un damné sur ma guitare alors que<br /> l'écriture s'éloigne irrémédiablement de moi. Je ne sais pas si je fais le bon choix, mais ce que je sais c'est que c'est celui du coeur. A très bientôt.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> merci pour ton commentaire. Je crois que le "bon" choix d'une activité ou d'une autre n'est pas très important et je crois qu'on peut avoir plusieurs activités. Je fais dessin et écriture et je ne<br /> sais pas qu'est-ce qui aura le plus d'importance...L'écriture est terrible car on parle de choses difficiles (je vais essayer d'expliquer ça dans un article) alors que la peinture, pour moi est<br /> surtout une étude, un entraînement à une technique. Je trouve que les deux choses se complètent. Pareil pour la musique il me semble.<br /> <br /> <br />