société et mensonge

Publié le par elizabeth971

Voilà une éternité que je n'ai pas écrit sur le blog. pour ce qui est d'écrire, j'écris, beaucoup, mais je ne publie pas. pas encore.

J'ai eu envie aujourd'hui de parler de deux films que j'ai vus sur la chaîne de télé qu'on paye et à laquelle on est encore abonnés alors qu'on n'est pas du tout d'accord avec les idées de son patron. Mais la société est comme ça. on n'est d'accord avec rien de ce qu'elle nous propose mais par flemme ou parce qu'on ne peut vraiment pas faire autrement, souvent, on ne change rien à ce qui est. Et concernant les films qu'on voit sur la chaîne chère, on est bien contents de ne pas se déplacer pour aller les voir au cinéma. Faut prendre la voiture, se garer, alors que là, on a ça sur notre télé...Nous sortons peu.

C'était super, "la loi du marché". et le "village presque parfait" aussi. ça raconte plus ou moins la même chose mais avec des images totalement différentes. Un projet narratif complètement différent aussi.

L'idée principale de "la loi du marché", selon moi, c'est que le sujet choisi est permanent sur le plan politique et sociologique. On voit des tas d'émissions sur le chômage, la précarité, l'exploitation des faibles. il y a les journaux télévisés qui en parlent, les émissions qui en font des sujets et puis, il y a des documentaires avec des journalistes plus ou moins en immersion qui volent des images dans des entreprises pour informer le public de ce qui se passe réellement dans les entreprises. Selon moi, l'idée du réalisateur, c'était de faire un film avec le sujet dont on parle le plus à la télé et avec les mêmes images que celles de la télé. Le spectateur que je suis, quand il regarde le film sur sa télé, ne sait jamais s'il regarde un film sur un gars qui a un sale boulot ou s'il regarde un documentaire tourné par un journaliste. c'est du réalisme poussé au maximum. On doute parfois qu'il y ait une narration car les scènes se succèdent et il n'y a pas d'éléments de liaisons narratifs entre les scènes. Il y a la scène de la vente du mobil home, la scène de la banque, la scène de la réunion ANPE, des scènes entre lesquelles il n'y a rien. Il n'y a pas d'éléments qui font avancer le suspens. Ce n'est qu'à la fin du film qu'on comprend que toutes ces scènes étaient des pièces d'un puzzle et qu'elles racontent une histoire. L'histoire, c'est la vie quotidienne d'un homme qui travaille dans un magasin. Son travail, ce n'est pas n'importe quel travail. Le choix du réalisateur concernant le travail du héros n'a pas été fait au hasard et prend un sens particulier quand on réfléchit à ce dont je parlais plus haut, le fait que le film ressemble à un documentaire. Je m'explique : dans ce film, nous les spectateurs, nous sommes un peu des voyeurs car nous entrons dans le lieu de travail du personnage avec autant de réalisme que si nous entrions dans ce lieu par effraction (ce que font les journalistes en immersion avec caméra discrète). Le personnage du film, lui, il regarde les clients et ses collègues sur des écrans et les gens qui sont filmés ne savent pas forcément qu'ils sont filmés, ou s'ils le savent, ils ne savent pas à quel point. C'est donc un film qui parle d'un voyeur et nous sommes nous-mêmes les voyeurs de cette activité avec le jeu des caméras. Ce que nous réalisons et que l'histoire racontée (car il y a bien une histoire qui est racontée) nous permet de comprendre, c'est que nous sommes espionnés. ça, c'est une première chose. Ce que nous réalisons aussi grâce à la narration (l'histoire de la collègue qui a été prise la main dans le sac) c'est que les relations humaines sont toutes des relations de pouvoir et de tentatives de gagner un peu plus que l'autre. C'est le cas dans le magasin, c'est le cas dans la vente du mobil home, c'est le cas à la banque. Et le mensonge est forcément nécessaire dans toutes ces petites stratégies que l'on met en place, que chacun met en place car chacun, à son niveau, est dans une lutte qui est souvent une lutte pour survivre et parfois une lutte pour dominer. Autrui est toujours celui contre qui on se bat pour survivre ou que l'on cherche à dominer. Il y a un dialogue intéressant dans la scène du voleur qui, en payant ce qu'il a volé, passe du statut de voleur au statut de client et donc de roi "je suis un client et le client est roi !" crie-t-il. Or, le client n'est pas roi, dans ce magasin. Quand on a le point de vue de celui qui est derrière la caméra du magasin, on réalise que le client est juste un suspect potentiel.

Il y a une exception à cette loi humaine de stratégies de domination et de survie, dans le film. La scène de la danse est merveilleuse. Il n'y a pas un mot entre l'homme et la femme, juste des gestes et un sourire d'amusement et de complicité au moment où l'homme passe sous le bras de la femme. c'est ça, l'amour.

Bon, je ne vais pas dire autant de choses sur l'autre film, "un village presque parfait". Alors que La loi du marché" est un drame, le "Village" est une comédie. Il y a pourtant beaucoup de points communs : la précarité, le chômage, le recours au mensonge et au voyeurisme. La différence essentielle est dans le type de narration choisi : il y a un scénario narratif avec une situation d'initiation, des péripéties, des coups de théâtre, des avancées dans l'action, des petites catastrophes et une multitude de petits gags.

Deux films qui parlent d'un sujet de société préoccupant, et qui en parlent avec des moyens différents mais dans les deux cas, c'est l'intelligence de la perception des auteurs qui m'a particulièrement plu et l'intelligence des acteurs aussi.

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