Accidents de voitures et responsabilité des parents

Publié le par elizabeth971

Il y a eu pas mal de choses qui m’ont marquée, la semaine dernière, des choses déstabilisantes. Pourtant, certaines d’entre elles semblent ne pas avoir de rapport direct avec moi.

 

Je fais principalement allusion à un fait divers. A des garçons qui se sont tués samedi dernier en voiture. Des garçons que je ne connais pas, pourtant.

 

Ce qui a choqué les esprits dans ce fait divers c’est que les deux garçons morts étaient deux frères.

 En deuxième lieu, ce qui a choqué, c’est que l’aîné qui avait vingt et un ans et qui était encore au lycée (probablement en BTS) était propriétaire de la Subaru qu’il conduisait.

Troisième élément dont on a discuté (sur internet en particulier) c’est que le père des enfants, qui est quelqu’un de connu localement parce qu’il est riche, a déclaré dans le journal « c’est injuste ».

 

Toute cette histoire m’a ramenée à ma vie en 2008 (et un peu avant).

L’histoire de ces deux garçons ressemble à celle de mon fils.

D’ailleurs, celui qui conduisait la Subaru avait le même âge. Ils se sont probablement rencontrés à l’époque. Mais le garçon n’était probablement pas en Subaru à l’âge de 19 ans.

 

Alors, bien sûr, le débat qui s’est ouvert sur internet est : le père est-il responsable de la mort de ses enfants ?

En fait, ça semble ne pas faire beaucoup de doutes. Le débat devrait plutôt être, peut-être : faut-il, à l’occasion de cet accident, parler de cette violence des jeunes sur la route - violence dont les parents sont sans doute complices sans vouloir le savoir - ou faut-il simplement pleurer et être solidaires avec le chagrin des parents ?

 

Les deux, à commencer par le chagrin des parents, bien sûr….

 

Mais si on ne parle pas de ce problème qui gangrène la jeunesse guadeloupéenne presque autant que la drogue, quand en parlera-t-on ?

 

Bien sûr que le père est coupable. Et bien sûr que je l’aurais été si la même chose était arrivée à mon fils….

 

A quel moment, nous, les parents, nous laissons-nous piéger par cette soi-disant « passion » que manifestent nos enfants ? À quel moment nous laissons-nous contaminer par leur « amour de la vitesse » au point que nous leur achetons une Subaru ?

 

Bien sûr, seuls les parents fortunés peuvent acheter des Subarus à leurs enfants. Donc, plus on est riche, plus on est en mesure d’envoyer ses enfants à la mort.

Responsabilité des parents, responsabilité des amis, responsabilité - en amont - de tout un système social stupide, un système social qui met en gloire l'argent, la vitesse, la puissance de la voiture....

 

Moi qui avais des moyens très limités, j’ai mis entre les mains de mon fils des voitures peu chères mais puissantes…que ses amis ont cassées….dont j’ai dû payer les réparations…

Et, faute de moyens, j’ai renvoyé l’enfant en France où il s’est assagi. Faute de moyens, il est vivant, il ne s’est pas tué, entraîné comme le sont la majorité des garçons de Guadeloupe, par un groupe de « passionnés » dont le rêve est de devenir coureurs automobiles….

 

Ces jours-ci, j’entreprends d’écrire une pièce de théâtre sur cet épisode de ma vie, sur ce mois d’octobre 2008 où j’ai hurlé sur mon fils parce qu’il ne respectait plus  ni l’argent difficile à gagner, ni la vie surtout, au nom de sa passion automobile.

J’ai repris, pour pouvoir écrire ma pièce, mes pages matinales* commencées le 2 septembre 2008. Pendant les deux premiers mois de mes pages matinales*, à cette époque donc, j’ai surtout parlé, dans ces pages, de mon enfant et des peurs qu’il me faisait vivre, de la peur que j’avais, en particulier, de ne pas voir la voiture garée devant la maison lorsque je me réveillais.

 

Nous sommes en juin 2010. Beaucoup de choses se sont passée depuis cette époque, depuis que je me suis fâchée avec mon enfant.

Il est papa d’une petite fille de trois mois et, ce qui lui donne du courage, c’est de la voir lui sourire, le matin quand il part travailler dans les vignes. Elle lui sourit et se rendort aussitôt.

 

 

 

 

*Il s’agit des trois pages que l’on écrit tous les matins en se réveillant ainsi que nous le recommande Julia Cameron dans  Libérez votre créativité .

 

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