souvenirs d'enfance

Publié le par elizabeth971

 

Le texte que j’ai fait à propos de ma petite-fille et de son éducation m’a fait revenir à mon enfance et à ce qu’a pu être mon éducation.

Le monde était bien différent alors et notre contexte familial bien difficile pour mes parents.

 

Quand je suis née, ma sœur aînée avait deux ans et demi et mon frère, quinze mois. Marchait-il déjà ? Ma mère m’a dit une fois qu’il avait marché si vite qu’elle avait failli le perdre. Etait-ce juste avant ma naissance ou juste après ?

J’étais un bébé qui pleurait beaucoup. On ne savait pas pourquoi. On ne l’a jamais su, bien sûr. Est-ce que j’avais déjà des insomnies, bébé, comme j’en ai eu dans mon enfance, mon adolescence ? et un peu toute ma vie mais de moins en moins en vieillissant …

Mon frère était un enfant actif et ma mère devait être épuisée.

Vers un an, j’étais dans un parc. On y était chacun son tour mais mon frère a dû y rester assez peu de temps alors que moi, j’acceptais sans problème d’être posée là avec une occupation. Je construisais des tours très hautes avec mes cubes, paraît-il. Il y a bien eu un moment où j’ai commencé à marcher. Je ne sais pas quand c’est arrivé. ça n'a pas marqué qui que ce soit. Il y avait d’autres évènements dans la famille à ce moment-là car les deux autres grandissaient et étaient très actifs et la dernière arrivait. Ma sœur aînée n’avait pas encore quatre ans à la naissance de la quatrième.

 

A cette époque, nous vivions dans une commune qui avait une école maternelle. Les écoles maternelles n’étaient pas très répandues à l’époque. Vers l’âge de 3 ans, j’étais donc scolarisée avec mon frère et ma sœur ainée qui avait alors entre cinq et six ans.

Maman a alors pu souffler avec un seul enfant à la maison aux heures d’école. Maman avait passé le permis de conduire ce qui lui permettait d’être autonome pour nous emmener à l’école et nous récupérer.

On a déménagé l’année suivante. La nouvelle commune n’avait pas d’école maternelle. Tous ceux qui étaient déjà à l’école, ont été scolarisés à l’école primaire (même moi qui n'avais pas encore quatre ans). Mon frère était à l’école des garçons. Seul au milieu d’enfants inconnus. Effrayé par une maîtresse caractérielle qui lui infligeait des fessées. Il avait cinq ans.

Ma sœur aînée et moi étions dans l’école des filles. Elle était en CP et moi en classe enfantine qui était une sorte d’annexe du CP. Je crois que c’était dans la même salle.

J’ai appris à lire et à écrire.

La petite dernière nous attendait impatiemment après une longue journée où elle était seule avec maman. Quand elle avait trois ans, il restait encore beaucoup de temps avant son entrée en CP. Elle était l’enfant unique de maman et est restée « enfant gâté ».

Pour nous, les trois enfants scolarisés, l’école était un calvaire. On prenait le bus très tôt. Le trajet du bus était long. Très long.  Après les heures de classe, ponctuées de récréations au cours desquelles j’étais livrée à la sauvagerie des autres enfants (mon frère et ma sœur n’ont pas ressenti ces choses comme moi), il fallait manger à la cantine. Deux heures de torture alimentaire. Deux heures pour moi car j’étais entêtée en matière de nourriture. Les repas commençaient souvent par une soupe aux oignons. Horreur…

Au moins, pendant que j'étais à la cantine, j’échappais à une récréation. C’était toujours ça.

Après les cours de l’après-midi, on prenait le bus encore et on arrivait à la maison vers six heures le soir.

Pour celle qui nous attendait avec tant d’impatience, ces journées étaient extrêmement longues. Elle avait un petit cartable pour montrer qu’elle aussi, bientôt, elle irait à l’école. Il a fallu attendre qu’elle ait cinq ans et demi.

 

Je ne me souviens pas vraiment de mes parents à cette époque. Ils étaient là mais ils s’occupaient assez peu de nous. Seuls, on lisait, on découpait des trucs qu’on collait dans des cahiers, on faisait des objets en terre glaise. On avait aussi de grandes occupations tous ensemble dehors dans le jardin. On construisait des villes imaginaires dans le sable, des maisons imaginaires.

Souvent aussi on participait aux travaux de la ferme : planter des pommes de terre, cueillir des haricots verts, nourrir les volailles, plumer les dindons que maman tuait un peu avant noël.

 

A cette époque, les parents n’avaient pas, pour leurs enfants, des projets éducatifs. On ne suivait pas, jour après jour, les progrès des enfants. Les parents suivaient les devoirs et fournissaient la nourriture. Des tâches agricoles devaient être effectuées (et jamais on aurait songé à se révolter). Et leur travail de parents s’arrêtait là. Nous n’étions jamais surveillés. Nous n’étions jamais punis. Vivre avec nos parents était un paradis. L’enfer était ailleurs : à l’école, au cours des visites familiales, mais pas chez nous. On était bien chez nous. Nos parents étaient mille fois moins attentionnés que les parents d’aujourd’hui. Ils nous laissaient découvrir seuls les limites de notre monde qui étaient d’abord le jardin, puis les forêts environnantes ; ils nous demandaient de les aider et ça nous paraîssait normal. Mais jamais, ils n’ont cherché à nous éduquer, du moins quand on était enfants. Ça a été un peu différent après, quand on a grandi, quand on est devenus adolescents et que les autres nous ont montré d’autres univers, des tentations, des cigarettes, de l’alcool, des interdits de toutes sortes…Mais à ce moment-là, nous n’étions plus des enfants.

 

 

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