moyens de transport dans mon île
J'évoquais, hier, la grande grève de 2009 qui a marqué les esprits en Guadeloupe et qui, en apparence, n'a pas changé nos comportements. Pourtant, disais-je hier dans mon article, je ne vais plus au travail de la même façon depuis 2009. J'utilise principalement le bus et la marche à pied. D'ailleurs, en 2010, je n'ai plus eu de voiture personnelle. Mon doudou partage sa voiture avec moi et je l'utilise peu.
Quand je suis arrivée en Guadeloupe en 1999, on m'a dit qu'il était indispensable d'avoir une voiture. J'ai donc acheté une voiture et je l'ai utilisée pour aller au travail, pour faire des courses, pour visiter la région, pour aller voir des amis. Je l'utilisais tout le temps.
Mon fils a commencé à prendre le bus en 2001 ou 2002 (il avait douze ou treize ans) et c'est lui qui m'a expliqué le fonctionnement des lignes de bus. Car il m'arrivait de prendre le bus à l'époque, par exemple quand la voiture était en panne.
J'ai déménagé en 2006 dans une commune mal desservie en bus. Ce n'est qu'après la grève de 2009 qu'un transport en commun de secteur public avec des horaires réguliers a été mis en place. Je le prenais à 6h30 le matin, au début. Les horaires ont changé. Il passe désormais à 6h puis à 7h. Je prends celui de 7h. Il est à peu près plein tous les matins.
Les transports de voyageurs, en Guadeloupe, sont l'avion, le bateau et le bus. Le bus était autrefois un moyen de transport très utilisé. Disons...jusque dans les années 1990. Il y avait, dans ces années-là, une foule de transporteurs privés et des jeux de concurrences qui en arrivaient à donner des habitudes aux voyageurs qui exigeaient parfois que le bus s'arrête à la porte de leur maison, ce qu'il faisait, à cause de la concurrence. Il a fallu normaliser tout ça. Supprimer des transporteurs privés qui ne respectaient pas certaines règles du public. Il y a eu des crises. J'en ai vécu plusieurs. Il me semble que depuis la grève de 2009 (et le problème du transport en commun faisait partie des revendications me semble-t-il) tout cela s'est calmé. Et je prends le bus. Et, petit à petit, il me semble que de plus en plus de personnes prennent le bus. Même à mon travail, certaines collègues venues de Pointe-à-Pitre ou Petit-Bourg laissent leur voiture à la maison et viennent en bus deux à trois fois par semaine.
L'idée qui semble prévaloir, en Guadeloupe, c'est que, si on a une voiture (ou si on a un compagnon qui nous laisse en utiliser une comme c'est le cas pour moi), on n'a aucune raison d'utiliser les transports en commun car prendre le bus implique que l'on attend à l'arrêt de bus et que l'on marche (et moi, je marche sur une distance de plus de deux kilomètres une fois descendue du bus). Mais quelque chose est en train de changer. Et les comportements changeront encore davantage quand les effets du nouveau contrôle technique se feront réellement ressentir.
Une information est passée discrètement, il y a quelques mois : les voitures s'useraient davantage en Guadeloupe qu'en Europe. L'usure serait évaluée, il me semble bien, à 30 % de plus qu'en France. Donc, quel que soit le prix du transport des pièces que vous faites venir de France, quelles qu'en soient les taxes (nous avons l'octroi de mer, aux Antilles) et quelles que soient les marges des vendeurs de pièces automobiles, réparer sa voiture en Guadeloupe coûte beaucoup plus cher qu'en France. Pourtant, en Guadeloupe, les ménages ont tous au moins deux voitures (quand les deux personnes d'un couple travaillent). Enfin, c'était le cas, il y a peu de temps. Les choses changent. Certaines dames de mon travail se font amener par leur mari depuis quelques mois. Pour l'instant, personne n'en parle mais il me semble que l'on progresse dans ce comportement. Et ce serait une bonne nouvelle.