faut-il avoir recours à l'aide aux devoirs ?

J’ai une élève en moins depuis hier. Ça faisait quelque temps que j’en avais un peu marre de travailler avec cette enfant et de perdre cinq heures et demie par semaine (dont deux heures dans la voiture) pour une enfant de treize ans plus travaillée par les préoccupations de son âge (la mode) que par l’idée qu’elle aura un jour un métier. Ce métier, ce sera vétérinaire m’a-t-elle dit.

Donc, bien sûr, pour une future vétérinaire, le fait de savoir que les verbes qui ont un infinitif en « ir » ne sont pas tous du deuxième groupe, ça n’a pas vraiment d’intérêt. Et pendant que j’explique que pour reconnaître un verbe du deuxième groupe, il faut aussi observer son participe présent, mademoiselle détruit sa gomme avec son compas.

« Arrête de détruire ta gomme.

- C’est la mienne. Et puis d’abord, je ne la détruis pas, je fabrique plusieurs gommes à partir d’une seule. »

Les enfants ont une créativité extraordinaire. Qui, dans le monde adulte, aurait pensé qu’on peut faire plusieurs gommes avec une seule (cependant, nous savons que nous pouvons faire plusieurs vers de terre avec un seul, même si nous ne sommes pas tous de futurs vétérinaires) ?

Je recommence à parler de mes participes présents. Elle me dit qu’elle ne sait même pas où elle peut les trouver mes trucs (elle veut parler des participes présents). Comme j’ai le Bescherelle ouvert, sous ses yeux, je lui dis de chercher. Elle commence à s’attaquer à ma gomme.

« Cette fois-ci, c’est la mienne », je dis.

- Oh, pardon, » me dit l’enfant.

Et nous repartons à la recherche du participe présent.

J’ai exprimé mes difficultés à la maman ; elle a, à son tour, parlé avec l’enfant et conclu qu’il valait mieux, pour quelque temps en tout cas, tout arrêter, puisque l’enfant n’est pas motivée et que mes cours lui coûtent cher.

Je gagnais 40 euros par semaine en aidant cette enfant à faire ses devoirs. Si on enlève 14 euros (coût réel de l’usure de ma voiture et de la consommation d’essence en montagne – car la fillette habite dans les hauteurs à une vingtaine de kilomètres de chez moi), il reste 16 euros et si je divise le tout par cinq heures et demie (temps réel que j’utilise pour aller chez elle et lui donner les cours), il me reste environ   3 euros de l’heure. Il vaut mieux que je développe mon activité d’aide aux devoirs dans ma commune pour cinq euros de l’heure.

Voilà qui s’accordera beaucoup mieux à ma philosophie de décroissance.

Sur ce, chers lecteurs, je vous laisse pour un bon moment car je pars en vacances et ne sais quand je me retrouverai devant un ordinateur connecté à internet.

Cher Dexter, j’ai rajouté une petite note à mon  dernier article à propos de Pennac. Ça peut t’intéresser.

Chère Ker Mary, n’oublie pas de lire de jolis petits livres à ton petit garçon. Ça te permettra de ne pas payer de dames pour l’aide aux devoirs quand il aura douze ans (mais je sais bien que tu vas à la bibliothèque avec lui et qu’il choisit non seulement ses livres mais aussi les tiens).

Je précise que le portrait que j’ai fait de la petite élève est un peu caricatural. Il résume quand même assez bien l’ensemble de mes élèves de cet âge-là.

A bientôt, les amis.